Cession Dailly : Définition et fonctionnement pour les entreprises

Dailly cession finance

La gestion de trésorerie est un défi constant pour les entreprises. Imaginez-vous confronté à des délais de paiement qui s’allongent, vos clients tardant à régler leurs factures. Dans ce contexte, la cession Dailly peut devenir un véritable atout pour votre entreprise. Ce mécanisme financier, méconnu de certains dirigeants, offre une solution efficace pour surmonter les obstacles de trésorerie et maintenir la santé financière de votre société. Explorons ensemble les subtilités de ce dispositif et découvrons comment il peut transformer votre approche de la gestion des créances.

Qu’est-ce que la cession Dailly ?

La cession Dailly tire son nom du sénateur Étienne Dailly, à l’origine de la loi n° 81-1 du 2 janvier 1981. Cette loi visait à faciliter le crédit aux entreprises en instaurant un mode de transmission de créances spécifique. Le principe fondamental de la cession Dailly repose sur le transfert de créances professionnelles d’une entreprise à un établissement de crédit.

Concrètement, ce dispositif permet à une société de céder ses créances clients à une banque ou à un établissement financier. En échange, l’entreprise reçoit une avance de trésorerie correspondant à tout ou partie du montant des créances cédées. Cette opération s’effectue via un document appelé bordereau Dailly, qui formalise la cession et contient les informations essentielles sur les créances transmises.

Les acteurs impliqués dans le processus

La cession Dailly met en scène trois acteurs principaux, chacun jouant un rôle spécifique dans l’opération :

  • Le cédant : Il s’agit de l’entreprise qui cède ses créances. Elle cherche à obtenir rapidement des liquidités pour améliorer sa trésorerie.
  • Le cessionnaire : C’est l’établissement de crédit (généralement une banque) qui achète les créances et fournit les fonds au cédant.
  • Le débiteur cédé : Il représente le client de l’entreprise cédante, celui qui doit payer la créance.

Dans ce triangle financier, le cédant transfère ses droits sur les créances au cessionnaire. Ce dernier avance les fonds et se charge ensuite de recouvrer la créance auprès du débiteur cédé. Cette configuration permet à l’entreprise cédante de bénéficier d’une entrée de trésorerie immédiate, sans attendre le paiement effectif de ses clients.

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Mécanisme de fonctionnement du bordereau Dailly

Le processus de cession Dailly se déroule en plusieurs étapes, centrées autour du bordereau Dailly, document clé de l’opération :

  1. Signature de la convention-cadre : L’entreprise et la banque établissent un accord définissant les conditions générales des futures cessions.
  2. Établissement du bordereau Dailly : L’entreprise prépare un document listant les créances à céder.
  3. Transmission du bordereau : Le bordereau est remis à la banque, accompagné des justificatifs des créances (factures, bons de commande, etc.).
  4. Vérification et acceptation : La banque examine les créances et décide du montant à avancer.
  5. Versement des fonds : Une fois accepté, le montant convenu est crédité sur le compte de l’entreprise.

Le bordereau Dailly doit obligatoirement comporter certaines mentions pour être valide :

  • La dénomination « acte de cession de créances professionnelles »
  • L’identification des créances cédées (montant, échéance, débiteur)
  • Les coordonnées bancaires où effectuer le règlement
  • La signature du cédant

L’omission de ces éléments peut rendre le bordereau irrégulier et donc inopposable aux tiers, comme l’a récemment rappelé la Cour de cassation. Nous recommandons donc une vigilance particulière lors de la rédaction de ce document.

Avantages pour les entreprises

La cession Dailly présente plusieurs atouts significatifs pour les entreprises :

  • Amélioration rapide de la trésorerie : L’entreprise obtient des liquidités immédiates sans attendre le paiement effectif des clients.
  • Simplicité administrative : La procédure est relativement simple et rapide à mettre en place.
  • Flexibilité : Il est possible de céder tout ou partie des créances, selon les besoins de l’entreprise.
  • Confidentialité : La cession peut rester confidentielle vis-à-vis des clients, préservant ainsi la relation commerciale.

Comparée à d’autres solutions de financement à court terme, la cession Dailly se distingue par sa souplesse et son coût généralement plus avantageux. Par exemple, elle s’avère souvent moins onéreuse que l’affacturage, bien que ce dernier offre des services plus complets en termes de gestion des créances.

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Critères d’éligibilité et types de créances concernées

La cession Dailly est accessible à une large gamme d’entreprises, mais certains critères doivent être respectés :

  • Nature de l’entreprise : Toute entreprise, quelle que soit sa forme juridique, peut y recourir.
  • Type de créances : Les créances doivent être professionnelles, c’est-à-dire issues de l’activité professionnelle de l’entreprise.

Les créances éligibles à la cession Dailly sont variées :

  • Créances contractuelles ou délictuelles
  • Créances échues ou à terme
  • Créances conditionnelles
  • Créances issues de contrats à exécution successive
  • Créances futures ou éventuelles
  • Créances partielles

Cette diversité offre une grande flexibilité aux entreprises dans la gestion de leur poste clients. Nous soulignons particulièrement l’intérêt de pouvoir céder des créances futures, ce qui peut s’avérer précieux pour financer des projets en cours de développement.

Aspects juridiques et comptables

Sur le plan juridique, la cession Dailly présente des particularités importantes :

  • Opposabilité aux tiers : La cession devient opposable aux tiers dès la date apposée sur le bordereau par le cessionnaire.
  • Notification au débiteur : Elle n’est pas obligatoire mais peut être effectuée pour sécuriser le paiement.
  • Responsabilité du cédant : En cas de cession avec recours, le cédant reste garant du paiement de la créance.

D’un point de vue comptable, la cession Dailly impacte les comptes de l’entreprise :

  • Les créances cédées sont sorties du bilan.
  • L’avance reçue est enregistrée en trésorerie.
  • Une mention en annexe des comptes annuels peut être nécessaire pour les cessions importantes.

Nous recommandons de consulter un expert-comptable pour optimiser le traitement comptable de ces opérations et assurer une transparence financière.

Limites et points de vigilance

Malgré ses avantages, la cession Dailly comporte certaines limites à prendre en compte :

  • Coût : Les frais peuvent représenter entre 7% et 12% du montant HT des créances cédées.
  • Risque de dépendance : Un recours trop fréquent peut créer une dépendance au financement bancaire.
  • Sélectivité des banques : Les établissements de crédit peuvent être sélectifs dans l’acceptation des créances.

Pour optimiser l’utilisation de ce dispositif, nous conseillons de :

  • Négocier les conditions avec plusieurs banques pour obtenir les meilleures offres.
  • Diversifier les sources de financement pour ne pas dépendre uniquement de la cession Dailly.
  • Veiller à la qualité des créances cédées pour maintenir la confiance de l’établissement de crédit.
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Alternatives au dispositif Dailly

La cession Dailly n’est pas l’unique solution de financement à court terme. D’autres options méritent d’être considérées :

SolutionAvantagesInconvénients
AffacturageGestion complète des créances, assurance-crédit incluseCoût plus élevé, impact potentiel sur la relation client
EscompteSimple à mettre en place pour les effets de commerceLimité aux effets de commerce, en recul face à l’affacturage
Découvert bancaireFacilité d’utilisation, coût potentiellement plus basMontants limités, dépendance à la banque

Le choix entre ces différentes options dépendra de la situation spécifique de votre entreprise, de vos besoins en termes de gestion des créances et de votre relation avec vos partenaires financiers. Nous recommandons d’analyser attentivement chaque solution pour déterminer celle qui correspond le mieux à votre stratégie financière.

Impact sur les relations client-fournisseur

La cession Dailly peut avoir des répercussions sur vos relations commerciales, en particulier si elle est notifiée aux clients. Voici quelques points à considérer :

  • Perception des clients : Certains peuvent interpréter la cession comme un signe de difficulté financière.
  • Changement dans le processus de paiement : Les clients devront payer directement la banque, ce qui peut perturber leurs habitudes.
  • Communication : Une explication claire du processus peut rassurer les clients et maintenir la confiance.

Pour gérer cet aspect de manière professionnelle, nous suggérons de :

  • Privilégier la cession sans notification quand c’est possible.
  • Préparer une communication claire et rassurante en cas de notification.
  • Maintenir un suivi régulier avec vos clients pour préserver la qualité de la relation commerciale.

Optimisation de la gestion de trésorerie

La cession Dailly s’inscrit dans une stratégie globale de gestion de trésorerie. Pour en tirer le meilleur parti, nous recommandons de :

  • Analyser régulièrement votre besoin en fonds de roulement pour anticiper les besoins de financement.
  • Combiner différents outils financiers : utiliser la cession Dailly en complément d’autres solutions comme l’affacturage ou le crédit de trésorerie.
  • Optimiser votre cycle d’exploitation : réduire les délais de paiement clients et négocier des délais fournisseurs plus longs peut diminuer le recours à la cession Dailly.
  • Mettre en place un suivi rigoureux des créances pour identifier rapidement les retards de paiement et agir en conséquence.

En intégrant judicieusement la cession Dailly dans votre stratégie financière, vous pouvez significativement améliorer votre gestion de trésorerie. Cet outil, utilisé à bon escient, vous permettra de maintenir une situation financière saine et de vous concentrer sur le développement de votre activité.

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